Etudes pour piano solo (2005-

Les “études” sont un projet en cours de plusieurs pièces pianistiques techniques basées souvent sur le jeu d’alternance des mains, comme si le pianiste était doté au bout des bras de deux instruments à percussion, eux-mêmes démultipliés par les doigts. Quatre études sont actuellement terminées, et une dizaine d’autres sont en chantier. C’est Jean-Pierre Delens qui créa les deux premières à la Maison Maene, à Bruxelles, le 2 mars 2007. Les études feront l’objet, je l’espère, d’un enregistrement intégral.

Photo: scintigraphie des mains de Laurent Pigeolet, Remerciements au personnel de l’hôpital Edith Cavell. Bruxelles 2007.

Etude n°1: il s’agit un perpetuum mobile proche du rondo utilisant principalement de nombreux mélanges de quintes. La forme est dictée par les changements de grain, de texture du son. Les procédés minimalistes et l’harmonie rappellent Steve Reich et Maurice Ravel.  


 
Video: Etude n°1 par Laurent Pigeolet, parcours d’Artistes, Court-Saint-Etienne 2014.
 
Etude n°2, “Chasse-mains”: consiste également en un perpetuum mobile conçu à partir d’une cellule de trois notes traitée dans tous les sens possibles. Le chromatisme tourbillonnant abonde et crée l’illusion de voix secondaires qui s’accélèrent ou ralentissent. Cette étude requiert un jeu de glissades sur les touches, les mains se chassant l’une l’autre, à l’image du jeu que les enfants pratiquent dans les cours de récréation en superposant leurs mains et les relayant par dessus lorsque la “pile” est achevée.

Etude n°3: composition polyrythmique à six voix. Le style “pointilliste” éclaté, hérité du “post-Webernisme” laisse place à ce qu’on pourrait appeler une “modalité évolutive”. Chacune des voix conserve son propre tempo, et l’on assite à un contrepoint d’énergies, de vitesses.

Etude n°4: “Eventail”: elle fait référence à la célèbre fugue “en éventail” pour orgue de Jean-Sébastien Bach, dont la tête du sujet est constituée de deux lignes chromatiques s’écartant l’une de l’autre et à l’étude en la mineur op. 25 n°11 de Frédéric Chopin. Le motif de base de cette étude est un contrepoint chromatique triple dans la main droite, qui s’étend, se répand aux deux mains et se développe selon un système polyrythmique complexe. Cette étude a la particularité d’être entièrement symétrique aux deux mains, les intervalles musicaux tournant constamment autour des axes que constituent les notes “ré” et sol#”, de sorte que les touches noires jouées dans une main s’opposent aux blanches jouées par l’autre, ou au contraire s’ associent.


 
Video: Etude n°4 par Fabian Coomans, salle Miry, Gand, avril 2019.
 

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